Le décor sculpté


Le monument aux combattants de la Haute-Garonne animé
(cliquez sur les numéros et sur les fleches)

L’attique*

L’élément central annonce le monument ; il porte l’inscription « Aux combattants de la Haute-Garonne 1914 1918 » sculptée sur un fond de feuilles de laurier*.
Aux angles, Abbal et Moncassin ont positionné des trophées* portant les attributs de soldats (uniformes, armes, jumelle,..) pouvant évoquer les différents corps de l’armée (artilleur, fantassin, aviateur…)

Les frises* de l’entablement*

Les frises* de Moncassin et d’Abbal présentent une histoire générale de la guerre et en particulier les hauts faits des corps d’armée et des régiments de la Haute-Garonne.
Parallèlement à la représentation traditionnelle des soldats, les sculpteurs ont mis en avant les innovations techniques qui ont permis le retournement de la guerre en faveur des alliés : l’avion et le char d’assaut.
Les principaux champs de bataille sont rappelés grâce aux inscriptions insérées dans la frise*.

Le Biplan (Abbal)
L’avion est l’élément central et occupe le devant de la scène. De part et d’autre, deux groupes de soldats sonnent le clairon, rendant hommage au corps des aviateurs.
En effet, la maîtrise de l’air a été pour les alliés un élément essentiel dans ce conflit. Envoyés en escadrilles, les aviateurs attaquaient les lignes arrière et les postes de communications.

Sans respect de l’échelle (les hommes sont aussi grands que l’avion), Abbal a simplement juxtaposé les différentes figures. Pour donner une légère profondeur, il a procédé par échelonnement latéral avec chevauchement des figures.
L’ensemble reste toutefois très frontal. Il n’y a pas d’arrière plan pour créer un niveau supplémentaire de profondeur. Abbal, avec sa technique de taille directe*, laisse des formes plus ou moins dégrossies accrocher la lumière et créer un modelé naturel.

La chevauchée (Abbal)
On trouve dans ce relief le plaisir d’Abbal à donner vie aux animaux : les chevaux sont ici rendus avec une fougue particulière.

FLANDRE* (Abbal)
Les soldats chargés de leur barda avancent en colonne, un cycliste ouvre la marche.
Le barda pouvait peser jusqu’à 30 kg et se composait des armes (fusil, cartouches, brosse à fusil, épée baïonnette), de la musette contenant du linge de rechange, une couverture, une toile de tente, de la vaisselle (gourde, couverts, gamelle), de la nourriture (biscuits, chocolat, pain…), des objets personnels (montre, pipe, tabac, bible, savon…).

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LA MARNE*(Abbal)
Un attelage chargé d’un canon est tiré par quatre chevaux allant à grande vitesse. Des cavaliers ouvrent la route. Les chevaux sont très présents dans le conflit : ils aident à la circulation des hommes et du matériel.

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VERDUN* (Moncassin)
A l’inverse d’Abbal, Moncassin montre des soldats pris dans l’action de la guerre (transports des armes, combat…). Autour des hommes, des éléments de décor structurent les scènes et évoquent différents contextes.
Le sculpteur multiplie les plans et utilise plusieurs techniques pour les rendre visible : il réduit la saillie et la taille des figures au fur et à mesure de l’éloignement ; les formes s’aplatissent et rapetissent.
Le modelé est peu travaillé. Moncassin a lissé ses figures, les rendant presque plates en recherchant une géométrisation des formes et des contours nets.

La civière (Moncassin)
Deux soldats portant une civière évacuent un de leur camarade mort, un autre corps est appuyé contre une roue. Au loin des troncs d’arbre brisés rappellent les zones de front dévastées par les bombes.
Moncassin fait preuve, ici comme dans les autres reliefs, d’un grand réalisme, représentant les moindres détails de la vie quotidienne au front.

Le tank (Moncassin)
Moncassin a centré sa composition sur un char d’assaut FT Renault. Appelé aussi tank, il est utilisé pour la première fois par les alliés en septembre 1916 sur les champs de bataille de la Somme. Vraiment fonctionnels qu’à partir de l’été 1918, ils sont venus en soutien des fantassins.
Sur ce relief, Moncassin a superposé les scènes : contrebalançant la modernité des tanks, un attelage est tiré par des bœufs. De l’autre côté, des soldats se préparent au combat. Certains portent sur l’uniforme une peau de mouton pour se protéger du froid.

Le radiotéléphoniste (Moncassin)
Sur le décrochement, un guetteur, à l’abri dans la tranchée surveille les lignes ennemies. A côté se tient un radiotéléphoniste, une feuille sur les genoux portant le nom du sculpteur.

ARRAS* (Moncassin)
Un canon arrimé sur un char à chenilles est tracté par un cheval de labour.

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CHAMPAGNE* (Moncassin)
Il s’agit d’une évocation des combats et des désastres de la guerre. De nouveau Moncassin combine deux scènes : la première représente une tranchée avec son fortin et ses barbelés, la seconde, scène de combat, montre un groupe d’artilleurs faisant fonctionner une mitrailleuse.

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LA SOMME* (Abbal)
Abbal présente de nouveau une parade de cavaliers où il a soigné particulièrement les figures animales. Les hommes courbent l’échine et semblent contraints par le cadre imposé de la frise*.

Les hauts-reliefs intérieurs des piédroits*

Ces deux reliefs, signés de la main de Raynaud, se caractérisent par une démesure des formes pleines et rondes.

1918
Démobilisés, les poilus rentrent dans leur famille par convois entiers.
Raynaud représente le moment des retrouvailles où, descendant du train, les soldats serrés les uns contre les autres, le sourire aux lèvres, se bousculent pour apercevoir un parent. Des bras se tendent, des têtes se tournent, des corps s’enlacent, des casques ou des chapeaux s’agitent.
Le sculpteur a serré son plan comme l’aurait fait un photographe, en ne représentant que des têtes et des bras.
Raynaud a créé un mouvement circulaire menant au couple d’amoureux, élément central de la scène.

La victoire
La Victoire est nue, assise sur un rocher, appuyée sur un coude. Ses ailes déployées paraissent contraintes par le cadre.
Son corps est lourd, marqué par le temps, elle semble lasse. Elle porte un casque et le menton relevé, elle regarde vers le ciel.
Ce n’est pas la figure traditionnelle de la Victoire, souvent représentée sous les traits d’une jeune femme ailée, debout le corps en tension. Ici, elle est épuisée par quatre années de guerre ; victoire arrachée au prix de 10 millions de morts.

La figure de la Victoire créée par Raynaud suscite une réprobation unanime et un comité de protestation se forme contre le motif de la Victoire. Les anciens combattants juge l’allégorie* indigne de traduire les intérêts moraux des victimes de la guerre et des anciens soldats.
L’affaire se poursuit de 1931 à 1935 où l’on assiste à de nombreux pourparlers entre les commanditaires et le sculpteur.
Des voix s’élèvent cependant pour défendre la figure de Raynaud : « la victoire de M. Raynaud symbolise bien la victoire laborieuse et fatiguée, telle qu’elle sortit du traité de Versailles ». Finalement, le Conseil d’Etat rejette la requête du comité le 17 juillet 1835, en particulier à cause du surcoût qu’entraînerait le remplacement du haut-relief*.

Les bas-reliefs* extérieurs des piédroits*

Au dessus des inscriptions sont placés des cartouches représentant un visage sur un fond de trophées*.
A gauche, Abbal a sculpté un aviateur portant des lunettes sur le crâne, de part et d’autre des ailes d’oiseau se déploient. Abbal a représenté une figure pleine de vie, l’allégorie* passe ici au second plan.
A droite, Moncassin a façonné un visage d’où partent des serpents, à l’arrière se trouve un enchevêtrement d’armes (canons, cartouche, grenades). La figure sculptée par Moncassin est très solennelle, son visage est figé, aucune vie ne s’en dégage.

Les inscriptions gravées

Elles dédicacent ce monument à la gloire des soldats de la Haute-Garonne (murs intérieurs gauche et droit).
Sur les murs extérieurs, les inscriptions rappellent les noms des différents régiments de la Haute-Garonne ainsi que les combats auxquels ils ont participé (murs gauche et droit).
Les sculpteurs ont illustrés certaines de ces batailles dans les frises*.

Les autres ornements

Le monument a également reçu un décor de feuilles de laurier, symbole des vertus militaires, de feuilles de chêne, symbole des vertus civiques et de monogrammes* : RF (République Française) et HG (Haute-Garonne). Ces ornements sont particulièrement visibles sur le plafond.
Sur les murs intérieurs des piédroits*, d’autres monogrammes* sont visibles. RF et HG sont entremêlées avec la lettre capitale de la préfecture et de chaque sous-préfecture du département : T pour Toulouse , M pour Muret , SG pour Saint-Gaudens et V pour Villefranche de Lauragais.
Enfin, la représentation de distinctions honorifiques et militaires sur les murs extérieurs complète le décor  : la Légion d’Honneur , la Médaille militaire et la Croix de Guerre.


(* Voir glossaire en page 8)