La place

Saint-Etienne


Les Archives proposent ici un dossier complet sur la place Saint-Etienne, son histoire, son architecture et ses lieux emblématiques. Bonne visite ! Ce dossier est réalisé en partenariat avec la Région Midi-Pyrénées.

LA PLACE


Fouilles archéologiques sur la place Saint-Etienne, 1986-1987 - Thermes. Les petites piles de brique visibles sur la photographie servaient à surélever le sol des salles chaudes. L'air chaud produit par un foyer accolé au bâtiment circulait dans cet espace vide : les thermes de la place Saint-Etienne étaient donc déjà équipés du chauffage par le sol. Equipe de fouille © DRAC - SRA

L'Antiquité


L'habitat sur la place Saint-Étienne s'organise seulement à partir du IVe siècle de notre ère. Le lieu est alors loin de ressembler à ce que nous voyons aujourd'hui. Il est situé à l'est de la ville antique, à proximité des remparts et du decumanus maximus. C'est un quartier neuf et peu construit.

 

Le quartier de la future place Saint-Etienne dans la Toulouse romaine. Dessin Studio Différemment.

Toulouse est dans l'Antiquité l'une des plus grandes villes de l'empire romain. Elle est prospère grâce à ses activités de commerce et compte environ 20 000 habitants. La construction de son enceinte au 1er siècle montre son importance dès cette époque. La cité est structurée par de larges rues orientées nord-sud et est-ouest dont la plus importante, le cardo maximus, se devine encore aujourd'hui dans le tracé des rues Saint-Rome, des Changes et Pharaon. Le peuple wisigoth, venu de l'ouest de l'Europe, s'installe dans le sud-ouest de la Gaule au Ve siècle et fait de Toulouse sa capitale.

Monuments de la ville romaine et des édifices religieux de la fin de l'Antiquité et du haut Moyen Âge - cartographie JL. Boudartchouk © INRAP

Le quartier Saint-Étienne est divisé aux IVe et Ve siècles par de larges rues se joignant à angle droit. On voit au niveau de la place une demeure bénéficiant du confort de petits bains privés, un atelier de potier, des cours et des jardins. Un égout souterrain permet d'évacuer les eaux usées. A une centaine de mètres de là se dresse un monument public, probablement un temple, construit en grands blocs de marbre. Peut-être sert-il déjà au culte chrétien, car les religions païennes sont interdites à la fin du 4e siècle par l'empereur.

Colonne - Cette colonne en marbre, retrouvée dans l'église Saint-Jacques, est sans doute l'un des vestiges du monument public antique jouxtant la place. © Ville de Toulouse, Musée Saint-Raymond, Ra 3a-30033.

Le secteur de Saint-Étienne est alimenté en eau, considérée dans le monde romain comme un élément indispensable de confort dans les villes - elle est d'ailleurs gratuite. Elle approvisionne les bains attenants à la demeure privée : ces petits thermes s'organisent en trois salles, de la plus froide à la plus chaude. L'un des deux aqueducs qui alimentent Toulouse passe également à proximité.

Le Haut Moyen Âge


En 508, les troupes de Clovis pillent et incendient Toulouse : c'est la fin du royaume wisigothique et le début du monde des Francs. A partir de cette date, la ville se replie sur elle-même, laissant plusieurs quartiers à l'abandon.

Au IXe siècle, beaucoup d'habitations sont en bois et torchis et la ville montre un visage plus rural qu'urbain. C'est le cas du secteur de Saint-Étienne, dont les thermes et le four de potier délaissés se transforment au fil des ans en ruines.
Cette situation dure près de quatre siècles. Le site ressemble à un terrain vague creusé de fosses profondes dans lesquelles les Toulousains récupèrent l'argile nécessaire à leurs constructions.
Il est difficile de comprendre comment cet espace laissé à l'abandon s'imbriquait avec le premier ensemble religieux, probablement installé dans le quartier Saint-Étienne dès la seconde moitié du 4e siècle. Encore mal connu, celui-ci semble s'organiser autour de deux églises et d'un baptistère.

chapiteau corinthien. ©Ville de Toulouse, Musée Saint-Raymond, inv.2000644.27. - Ce chapiteau en marbre a été retrouvé en 1983 dans le chœur de la cathédrale lors d'un sondage archéologique. Témoin de l'art paléochrétien, il pourrait indiquer la présence très précoce d'un édifice à l'emplacement de la cathédrale.

Le quartier Saint-Etienne pendant le Haut Moyen Âge. - Dessin Studio Différemment.

La première mention attestée de l'existence d'un groupe cathédral date seulement de 844. Cette année-là, le roi Charles le Chauve confirme les privilèges des monastères de Saint-Sernin et de la Dalbade ainsi que de la cathédrale, qui est alors la seule paroisse de la ville. Ce document montre qu'elle est à la fois dédiée à saint Etienne et à saint Jacques : il y avait bien deux églises.

Dalle sculptée - © Ville de Toulouse, Musée Saint-Raymond, Inv. Ra 1009 d. Cette dalle, datée du VIIIe ou IXe siècle après J.-C., appartenait probablement à une clôture liturgique ou un chancel d'église. Elle a été retrouvée au pied de la nef de la cathédrale.

La position isolée et non pas centrale de la cathédrale dans la ville n'est pas un cas à part. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce phénomène : le lien nécessaire avec les édifices placés à l'extérieur de la ville, la réutilisation d'un temple païen, ou encore la décision, comme à Rome, de donner à l'évêque des terrains qui ne sont pas à proximité du centre civique de la cité qui fonctionne encore. Dans le cas de Toulouse, la proximité avec la porte Saint-Étienne permet aussi à l'évêque de commander l'une des trois portes principales de la ville.