ARCANES, la lettre

Sous les pavés


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archive ou de ressources en ligne. Retrouvez ici une petite compilation des articles de la rubrique "Sous les pavés", dédiée à l'archéologie.
Plaque commémorative datée de 1712 encore en place au moment de la démolition du moulin du Château narbonnais, cliché direction des Travaux publics, 5 mai 1942, Ville de Toulouse, Archives municipales, 1Fi938

Pain de Garonne


octobre 2018

Pour avoir du pain, il faut de la farine. Pour avoir de la farine, il faut du blé. Mais surtout il faut pouvoir le moudre. À Toulouse, cette tâche fut essentiellement assurée pendant des siècles par deux grands moulins à eau installés sur la Garonne, celui du Château narbonnais au sud de la ville et celui du Bazacle au nord. Mais les inondations du fleuve provoquaient souvent des dégâts durables et ces deux usines pouvaient alors être indisponibles au même moment. C'est ce qui arriva par exemple en 1712, poussant la ville au bord de la disette. En effet, il existait peu de solutions de remplacement. Les quelques moulins à eau installés sur la rivière de l'Hers, à l'est de Toulouse, ou sur le canal du Midi, ne suffisaient pas à compenser la production. De plus, il y avait étonnamment peu de moulins à vent autour de la ville, pourtant pays de vent d'autan. Les plus proches étaient les moulins jumeaux disparus de Pouvourville que je vous invite à découvrir dans l'arrière-plan d'un tableau exposé au musée du Vieux-Toulouse.

La sensibilité des Toulousains à ce type d'événement les avait incités à installer un espace « commémoratif » sur la façade du moulin du Château narbonnais. On pouvait y voir, jusqu'à sa démolition en 1942, des petites plaques indiquant la hauteur atteinte par la Garonne lors de ses débordements les plus importants ainsi que trois longs textes gravés, récupérés sur des bâtiments antérieurs, rappelant des épisodes de destruction-reconstruction en 1680, 1714 ou 1712, comme nous l'avons évoqué. L'une d'elle est conservée au musée des Augustins de Toulouse mais les autres semblent avoir disparu. Heureusement, les Archives municipales en conservent plusieurs photographies.

Extrait du plan de Toulouse dressé après les inondations des 23 et 24 juin 1875, édité par la Dépêche du Midi dans une brochure au profit des victimes de la catastrophe. En couleurs avec indications de la partie submergée en bleu et des bâtiments effondrés en rouge, 50 x 41 cm. Ville de Toulouse, Archives municipales, 20 Fi 45 détail.

J’aurais bien aimé être pérenne…


novembre 2015

Se lamentait la petite église située sur le côté nord du rond-point de la Patte-d'Oie, alors que l'on venait de la bénir avant sa mise en service, ce jeudi 6 mai 1875.

En fait, son destin était déjà scellé car il était entendu qu'elle ne devait être que provisoire en attendant la construction de la future église du Sacré-Cœur du faubourg Saint-Cyprien dont on posait, ce même jour, la première pierre quelques mètres plus au nord, du côté de la rue de Tournefeuille (actuelle rue Adolphe Coll).

Mais la suite est encore plus triste car son statut allait passer inopinément de provisoire à celui d'éphémère puisque, un mois et demi plus tard, elle sera détruite par la terrible inondation des 23 et 24 juin. Probablement un record en termes de rentabilité d'un investissement immobilier… Il nous en reste seulement une silhouette imprimée sur un plan recensant les dégâts de cette catastrophe.