Pour avoir du pain, il faut de la farine. Pour avoir de la farine, il faut du blé. Mais surtout il faut pouvoir le moudre. À Toulouse, cette tâche fut essentiellement assurée pendant des siècles par deux grands moulins à eau installés sur la Garonne, celui du Château narbonnais au sud de la ville et celui du Bazacle au nord. Mais les inondations du fleuve provoquaient souvent des dégâts durables et ces deux usines pouvaient alors être indisponibles au même moment. C'est ce qui arriva par exemple en 1712, poussant la ville au bord de la disette. En effet, il existait peu de solutions de remplacement. Les quelques moulins à eau installés sur la rivière de l'Hers, à l'est de Toulouse, ou sur le canal du Midi, ne suffisaient pas à compenser la production. De plus, il y avait étonnamment peu de moulins à vent autour de la ville, pourtant pays de vent d'autan. Les plus proches étaient les moulins jumeaux disparus de Pouvourville que je vous invite à découvrir dans l'arrière-plan d'un tableau exposé au musée du Vieux-Toulouse.
La sensibilité des Toulousains à ce type d'événement les avait incités à installer un espace « commémoratif » sur la façade du moulin du Château narbonnais. On pouvait y voir, jusqu'à sa démolition en 1942, des petites plaques indiquant la hauteur atteinte par la Garonne lors de ses débordements les plus importants ainsi que trois longs textes gravés, récupérés sur des bâtiments antérieurs, rappelant des épisodes de destruction-reconstruction en 1680, 1714 ou 1712, comme nous l'avons évoqué. L'une d'elle est conservée au musée des Augustins de Toulouse mais les autres semblent avoir disparu. Heureusement, les Archives municipales en conservent plusieurs photographies.