Arcanes, la lettre


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...

NUL-LE


juillet-août 2024

DANS LES ARCANES DE


Astrologue observant une étoile filante au moyen d'une longue vue, carte publicitaire en forme d'éventail de l'imprimerie Hector Labouche, seconde moitié du 19e siècle. Hutinet, D. (imprimeur) - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 14Fi386.

Nul mais prophète en son pays


juillet-août 2024

L’histoire a retenu les noms des prophètes des grandes religions et ceux dont les prédictions se sont réalisées, mais elle a oublié tous les autres. Et pourtant ce sont les plus nombreux : devins à la petite semaine, astrologues du dimanche, prospecteurs au doigt mouillé, ayant souvent en commun une nullité proverbiale. On recherche encore l’olibrius qui avait prédit la fin du monde pour le 21 décembre 2012 dont seul le pic de Bugarach, tel un moderne Ararat, devait réchapper. Plus prosaïquement, je me souviens aussi de cours où l’on nous expliquait doctement que les départements, en tant qu’échelons administratifs, vivaient leurs dernières heures. C’était il y a près de trente ans…

Tout le monde peut avoir son quart d'heure de nullité et les photographes n’échappent pas à la règle. Cela donne des clichés ratés, mais pas dénués d’intérêt. Nous vous en présentons un petit florilège qui va faire un tabac.
Tabac qui était très « prisé » sous l’Ancien Régime en témoignent plusieurs affaires judiciaires de l’époque que l’on pourrait résumer en ces termes : « Fumer c’est nul, mais sniffer c’est pire ».
En revanche, voter c’est très bien, même si parfois les bulletins sont nuls. Mais qu’advient-il de ces derniers après les élections ? Soyez rassurés, ils sont bien conservés.
C’est aussi le cas de la statue d’Héraklès archer réalisée par Antoine Bourdelle, ornant le monument aux sportifs morts durant la guerre 1914-1918. Vous pouvez aller l’admirer dans un écrin de verdure situé au bout du boulevard Lascrosses.
Les archéologues ne sont pas des héros antiques, mais ils se lancent souvent dans des travaux hérculéens et sont fréquemment confrontés à des énigmes dignes du Sphinx. Une opération de fouilles dans le quartier de Saint-Michel-du-Touch suscita ainsi de nombreuses questions.
Vos interrogations et recherches sont quelquefois infructueuses sur notre base en ligne. Ne vous découragez pas ! La vérité est ailleurs, quelque part dans nos fonds non référencés, dans un autre service de la Ville ou un autre service d’archives.

ZOOM SUR


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Portrait flou d'un très jeune enfant assis sur un fauteuil, Début 20e siècle, Raoul Berthelé - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 49Fi1348.

Photographie pour les nuls


juillet-août 2024
Pour tout vous avouer, c’est un de mes péchés mignons favoris, celui de butiner à mes heures perdues d’images en images, pour tenter de débusquer mes futurs coups de cœur visuels. Si certains clichés se démarquent bien facilement grâce à leur qualité technique et esthétique, œuvres d’un opérateur ayant suivi assidûment les multiples tips de la Photographie pour les Nuls, d’autres s’éloignent un peu du chemin attendu. Au risque d’être prise en plein flagrant délit d’hérésie photographique, j’ai bien envie aujourd’hui de défendre avec ardeur ces images mises injustement de côté pour cause de peccadilles. Elles sont parfois même un peu ratées, mais n’en demeurent pas moins remarquables, dotées de la qualité de surprendre, intriguer, ou amuser son spectateur. Cadrage médiocre, composition aléatoire, sujet flou, intrusion fortuite d’un doigt sur l’objectif ou de l’ombre de l’opérateur, exposition ratée, ou altération lors du développement du film, la liste est longue. Tant d’éléments qui semblent repoussants, mais qui pourtant révèlent toutes les subtilités et limites du médium, ainsi que la touchante étourderie humaine de l’opérateur. Véritable hantise pour certains, pour d’autres ces anomalies peuvent se révéler être de belles surprises. Sans revenir sur mon obsession pour l’auto-ombromanie évoquée précédemment, il faut savoir que je voue aussi une véritable admiration à l’utilisation du flou dans la photographie. Amateur ou professionnel de l’image, on cherche bien souvent à fuir les mises au point approximatives qui pourraient rendre par mégarde notre sujet de prédilection complètement flou. Oups ! Accident, ou volonté de l’auteur, son usage peut à l’inverse nous raconter bien d’autres histoires. Spirite qui apparaît, double mystérieux, filet de lumière, le flou est aussi source de poésie et souligne parfois tous les tremblements du quotidien. Il offre au photographe la possibilité d’élargir son champ de vision pour retranscrire avec plus de finesse la disparité des sensations et émotions qui nous traversent : exaltation de joie, agitation, fureur, mouvement et vitesse, ou parfois oscillation d’un chagrin dissimulé.
Au-delà de sa qualité artistique ou esthétique, une image n’a pas toujours besoin d’être réussie pour détenir une forte valeur sentimentale. Un cliché raté ou mal cadré, est peut-être étrangement celui qui va nous faire chavirer. Représentant une personne chère à nos yeux, ou un souvenir fugace, c’est ce dernier qu’on souhaite garder proche de nous et qui va intimement prendre sa place dans une des petites poches de notre portefeuille. Il peut aussi être accroché sauvagement sur les murs blancs de notre logement, ou se voir coller religieusement dans un cahier de brouillon faisant office d’ album de famille. Pour ma part, je crois bien pouvoir affirmer qu’ André, Roudoudou pour les intimes, m’en a appris bien plus sur la force de la photographie que la variété des dogmes pratiques d’un quelconque manuel de photographie.