Donner un nom à sa maison est aujourd’hui passé de mode. Plus de « Do Mi Si La Do Ré » pour propriétaire mélomane, ni de « Mon rêve » marquant l’aboutissement d’une vie de dur labeur. Mêmes les plus simples « villa du pin » ou « villa Ginette » ne sont plus que des souvenirs qui s’effacent sur des plaques émaillées.
Il fut un temps pourtant où il était bien pratique que les maisons portent des noms, notamment dans le gardiage (banlieue rurale de la ville) où les repères pérennes manquaient, notamment quand on commença à cartographier la ville pour y prélever les impôts. Les plans d’assemblage de ces zones dans le cadastre de 1680 représentent ainsi pour chaque capitoulat, outre les chemins délimitant les moulons, les éléments marquants dans le paysage, tels que les ponts, les fontaines, les croix ou les édifices importants : châteaux et métairies. Le brouillon de celui de la banlieue du capitoulat de Saint-Sernin (CC2927) porte la mention « borde rouge » au bout d’un chemin, sous les dessins des châteaux de Paleficat et de Grandselve. La couleur de la brique laissée apparente a pu donner son nom à cette ferme, partagé plus tard par une autre à peu de distance. Cette appellation est également utilisée par le chemin qui la longe puis par le quartier, resté rural jusqu’à il y a peu, et enfin par la ZAC qui l’a urbanisé. Dans la même veine, une ferme - recouverte d’un enduit blanc ? - a donné son nom au chemin, puis au nouveau quartier en cours de construction aux Pradettes : Bordeblanche. Un pigeonnier subsiste à cet endroit, aujourd’hui au cœur d’un lotissement, sans que l’on sache vraiment si le domaine d’origine se trouvait à cet emplacement.
Alors qu’en est-il du Château Vert me direz-vous ? La couleur des murs aurait-elle donné son nom à cet édifice, disparu aujourd’hui mais que l’on situe à proximité de la place Wilson actuelle1 ? Bordel municipal, géré par les capitouls pendant une partie du 16e siècle2, l’adjectif qui lui est assigné pourrait aussi s’apparenter au thème de la vigueur, notamment sexuelle, que l’on retrouve dans l’étymologie du mot « vert », du latin viridis, dont est issue toute une série de mots qui évoquent la croissance, la vigueur ou la vie, tel le Vert-Galant3. À [ver]ifier.
_________________________________________
1 - Agathe Roby, « De la Grande abbaye au Château Vert. L’installation d’un bordel municipal à Toulouse au XVIe siècle ». Dans Histoire urbaine 2017/2 (n° 49), p. 17-35.
2 - François Bordes, « Toulouse 1519-1529 ou le temps des réformes et des grands travaux », Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, vol. 170, 18e siècle – tome IX 2008, p. 133-145.
3 - Michel Pastoureau, Vert, histoire d’une couleur, éd. du Seuil, 2017, p. 27-28 et p. 158 pour l’explication du surnom donné à Henri IV, le « vert galant ».