Arcanes, la lettre


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...

EN LIGNE


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Toulouse. Octobre 1949. Agent de police assis sur un muret. Négatif N&B, 6 × 4,5 cm. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 30Fi175 (détail).

Voyage au bout de l’ennui


juin 2024

 

À observer le visage de l’agent de police nonchalamment assis sur le petit muret devant nous, la nuit semble bien longue… même si les képis, bâtons et panneaux réfléchissants apportent quelques touches de lumière dans cette rue bien sombre. Pour le voyage, deux destinations s’offrent à nous : Agen ou Albi, mais finalement peu importe où nous irons tant que la route est belle et riche de rencontres.

D’ailleurs, flâner au gré des occasions qui se présentent peut nous offrir de belles découvertes... c’est aussi vrai pour notre base de données : avez-vous déjà essayé de découvrir nos images numérisées en utilisant l’éphéméride ou les sélections thématiques proposées ? De vous familiariser avec notre collection d’ouvrages anciens en parcourant la page dédiée à la réserve ? De compléter votre histoire familiale en farfouillant dans nos ressources généalogiques ?

Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à le tenter : on ne sait jamais, sur un malentendu, vous y trouverez peut-être ce que vous ne cherchiez pas mais qui vous manquait tout de même…alors bon voyage !

Plateau du jeu des oies du Capitole - Mairie de Toulouse, Archives municipales, non coté.

Les oies du Capitole


mai 2024
Et si, pour terminer la lecture de votre lettre d’information préférée, vous vous laissiez tenter par un petit jeu ? Celui que je vous propose ne nécessite ni ballon rond ni pelouse, mais plutôt deux dés et un pion par joueur. Il se joue à plusieurs car c’est bien plus amusant. Bien que son nom puisse évoquer la Ville Éternelle, il est fondamentalement toulousain et les 48 cases de son plateau sont toutes illustrées par des documents conservés aux Archives de Toulouse. Son objectif est simple : atteindre en premier la place du Capitole, au terme d’un parcours dans la Ville Rose semé d’embûches, où se côtoient des oies, des personnages connus et des endroits insolites. Et pour corser un peu le tout, des questions bonus peuvent vous être posées sur certaines cases : en cas de bonne réponse, vous gagnez le droit de relancer les dés. Alors, prêts à vous lancer ?
 
► Règles du jeu ► Plateau de jeu ► Questions Bonus (et leurs réponses) ► Version « interactive »
Angoulême (Charentes). 1968. Un rédacteur au travail. Jean-Paul Escalettes – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 42Fi3602.

Histoire du soir


avril 2024

Il était une fois un homme qui vivait dans le grenier d’une toute petite maison au milieu de piles de vieux papiers qu’il triait le soir, à la lueur de la bougie, ses petites lunettes rondes au bout de son nez. La journée, il explorait des souterrains en quête d’idées. Il rêvait de devenir un grand personnage, de ceux dont l’Histoire se souvient et il cherchait dans les sous-sols humides des traces d’un passé encore inconnu qui lui permettraient de devenir célèbre et riche.

Un jour qu’il errait avec sa lampe frontale dans un lieu qu’il n’avait pas encore exploré, il poussa une porte et se retrouva dans une pièce accueillante où l’éclairage le guidait vers un fauteuil confortable. S’approchant, il découvrit un bureau et un ordinateur dont l’écran affichait la page d’accueil de la base de données des Archives municipales de Toulouse. Intrigué, il posa sa frontale, son sac, et s’installa. Rapidement il naviguait entre les fonds anciens et contemporains, surfant sur les notices d’ouvrages, téléchargeant des photographies. Lorsqu’il découvrit UrbanHist, son enthousiasme approcha le délire euphorique. Il avait trouvé le graal, un gisement de matière brute qu’il ne lui restait qu’à interpréter pour en faire des kilomètres d’histoires. Il allait devenir écrivain et il puiserait dans les fonds l’inspiration qui lui faisait tant défaut.

En voyant les photos de la construction de l’école de son enfance il pensait déjà à des contes avec des personnages terribles. A moins qu’il ne les utilise pour ses polars, qu’il enrichirait certainement avec Meurtres à la carte. Mais pour ne pas se restreindre à un public trop sanguinaire il élargirait aux histoires à dormir debout, il trouverait bien un fantôme ou deux pour alléguer ses dires. En cas d’insuccès, il savait que la grande Histoire lui assurerait un fonds de commerce non négligeable et qu’il pourrait ensuite s’endormir avec des histoires de gros sous. Voire de très gros sous. Chassée au galop, l’histoire naturelle reviendrait sur le devant de la scène et, sous une clameur unanime, il s’en irait se reposer sur une péniche du canal où le bercement des clapotis lui permettrait d’alimenter ses histoires d’eau. Ces pensées lui faisaient tourner la tête, il se sentait ivre tel un bateau pris dans un maelstrom de données. Son avenir était assuré, il quitterait son grenier dès le lendemain et viendrait nous rendre visite en salle de lecture après la réouverture, à partir du 27 mai 2024. 

Bain de mer en famille. Début du 20e siècle. Négatif N&B sur verre, 9 × 12 cm. Raoul Berthelé - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 49Fi1579 (détail).

Grenouiller


mars 2024
Verbe intransitif. Familier. Se baigner, barboter dans l’eau.

C’est un peu ce que me donne envie de faire de faire le thème de ce mois-ci… : me plonger tranquillement dans les profondeurs de notre base de données, à la recherche d’une nouvelle idée, et remonter incidemment quelques trésors ensevelis du fond de la mare. Tout comme dans le grand classique de Disney, l’inégalable Merlin l’enchanteur, la grenouille se plaît à taquiner le jeune Arthur, alors transformé en petit poisson pour les besoins de la leçon du jour, voyons un peu ce que nous avons pu remonter dans nos filets, une fois les eaux redevenues calmes : une carte de visite illustrée, une photographie qui n’est pas encore numérisée, un article de presse publié dans un journal satirique réputé, et si l’on élargit encore un peu le cercle des batraciens concernés, un roman historique enflammé, à plus d’un titre semble-t-il. Une pêche miraculeuse, en somme.
Décors, tableaux et sculptures des salles de l'hôtel de ville dit Capitole : salle des illustres. (2016). La belle Paule par Henri Rachou. Stéphanie Renard - Ville de Toulouse, Archives municipales, 4Num9/6 (détail).

Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle


juin 2017

« ayant en vostre ville de Tholose la Paule,
vous avez la plus belle femme qui soit d'un pôle jusqu'à l'autre pôle »

S'il faut en croire nos aînés, Toulouse peut s'enorgueillir d'avoir élevé en son sein la plus belle femme du monde : La belle Paule.
Paule de Viguier, la jeune fille à la beauté légendaire.

Paule de Viguier, dont la beauté aurait littéralement ébloui François Ier quand elle lui remit les clefs de la ville, lors de son entrée en 1533 (légende toutefois infirmée par les documents d'archives, en particulier le procès-verbal de l'entrée du roi et de sa suite).


Paule de Viguier mise à nu et exposée par Gabriel de Minut, son cousin, dans « La Paule-graphie », curieux ouvrage édité à Lyon en 1587. Là, il la détaille intégralement, commençant par ses cheveux et les différentes parties de son visage si parfait, descendant et s'attardant sur sa gorge, frôlant ses « tétins », glissant ensuite jusqu'à son ventre, s'aventurant même dans les contours de « la sortie des enfants », avant d'arrêter sa plume sur les fesses de la belle Toulousaine.


Plus tard, Henri Rachou, dans une toile plus empreinte de modestie, l'immortalisera paraissant à son balcon et s'offrant au regard émerveillé des habitants. Les incrédules peuvent toujours venir la contempler au Capitole, en la salle des Illustres (vue 6).

Et si la légende a fait sienne la Belle-Paule, Paule de Viguier se découvre aussi à travers les archives ; par exemple avec son testament enregistré le 26 septembre 1607 par-devant le notaire Bessier et qui est désormais conservé aux Archives départementales de la Haute-Garonne.