ARCANES, la lettre

Dans les arcanes de


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archive ou de ressources en ligne. Retrouvez ici une petite compilation des articles de la rubrique "Dans les arcanes", des édito détonnants pour présenter le thème du mois.

DANS LES ARCANES DE


Reconstitution du double crime d’Ondes, 17 octobre 1972. André Cros - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 53Fi1181.

Au nom de la loi


mai 2024

Un homme marche d’un pas décidé sous la galerie de bois d’une ville de l’Ouest américain de la fin du 19e siècle. Il porte, accrochée à son ceinturon, une Mare’s Leg – carabine Winchester 92 à canon et crosse sciés, ce qui laisse supposer qu’en plus d’être résolu, cet individu est dangereux. Il s’arrête devant un avis de recherche qu’il arrache. A l’écran se sur-imprime en grandes lettres « Au nom de la loi ». Ainsi débutait chaque épisode de la série suivant les pas de Josh Randall, chasseur de primes, interprété par la future star Steve McQueen, qui fut diffusée pour la première fois en France le 25 mai 1963.
Mais tandis que les vedettes d’aujourd’hui affluent sur la croisette cannoise, c’est vers un autre festival, toulousain celui-ci, que nous voudrions attirer votre attention. L’histoire à venir entre cette année dans sa 7e saison et devinez quelle en est la thématique ? "Au nom de la loi". Certes, le Kid de Cincinnati ne fera pas partie des invités, mais les Archives y participeront pour présenter des documents provenant de leurs fonds sur les thématiques "Traquer les criminels toulousains sous l'Ancien Régime" et "Les femmes face à l'épuration légale et extra-légale". Ainsi du 22 au 26 mai vous pourrez assister à de nombreuses rencontres faisant dialoguer diverses disciplines autour de ces règles qui charpentent notre société. Il nous fallait donc, à notre façon, parler loi, en y incluant les volatiles homonymiques, dans ce 153e numéro d’Arcanes.

Si elle était douée de parole Jeanne-Marie aurait pu, quant à elle, participer aux débats du festival en s'écriant, tel un Louis XIV emplumé, "L'oie c'est moi". Car elle appartenait effectivement à la famille des anatidés, mais elle était de surcroît la mascotte chérie du Toulouse Football Club. 
Francon, elle aussi chérissait ses palmipèdes enclos au sein du Collège de Foix mais elle eut maille à partir avec l'un des collégiats. Elle lui tint tête, et de même que nul n'est censé négliger ses oies, nul n'est censé ignorer la loi, cela se termina donc devant le tribunal des capitouls en 1745. Gageons que les protagonistes de cette histoire n'y laissèrent pas trop de plumes.
De plumes, il en sera question, et même plus que cela, pour évoquer nos ateliers d'écriture destinés au public scolaire. Les élèves peuvent y expérimenter la calligraphie à l'aide de ces ustensiles, voire  faire des concours de pleins et déliés.
En parlant de compétition nous poserons ensuite un regard historique sur la pratique du concours d'architecture. De nombreux bâtiments remarquables de Toulouse ont été construits ou restaurés dans ce cadre réglementaire devant permettre au meilleur projet de l'emporter. Ce fut le cas pour l'achèvement du Capitole en 1840 qui vit les deux tiers du bâtiment originel détruits, et contrairement à Rome il n'y eut pas d'oies pour le sauver.
Et pourtant il y avait bien des oiseaux à long cou dans la Tolosa antique si l'on en croit un dessin retrouvé sur une céramique gauloise conservée au Musée du Vieux-Toulouse. S'agissait-il du volatile en question ? 
D'ailleurs si vous aimez les énigmes et devinettes vous apprécierez sûrement notre jeu de l'oie concocté principalement à base d'archives que nous vous proposons en seconde main. Nécessité fait loi...

Exécution du parricide Jean Allières au Port-Garaud, 2 mai 1901. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 25Fi23 (détail).

Hache comme Histoire


avril 2024

En évoquant « L‘histoire avec sa grande hache », Georges Perec a créé, à l’instar de la Mort et de sa faux, une allégorie puissante : la grande Histoire venant trancher, souvent dramatiquement, le cours de la vie des petites gens. Guerres mondiales, civiles, révolutions ont toutes charrié dans leur sillage nombre de destins brisés, à commencer par les propres parents de l’écrivain.

Mais ce sont aussi les petites haches qui parfois font l’histoire, telle celle utilisée par Jean Allières, habitant de Labarthe-sur-Lèze, pour assassiner sa mère dans la nuit du 26 au 27 novembre 1900. Ce n’est pas tant l’horreur du crime ou l’attitude cynique du matricide, mais sa conséquence principale, à savoir le châtiment final, qui devait rester en mémoire. En effet, il donna lieu à la seule photographie connue d’une exécution publique à Toulouse. 

Nous évoluerons donc entre la grande et la petite histoire au fil de ce 152e numéro d’Arcanes en commençant par les mythiques escaliers d’Odessa, magnifiés par Sergueï Eisenstein, mais aussi, on le sait moins, immortalisés par le Toulousain Louis Albinet quelques années plus tôt, lors de la campagne d’Orient. 
Il sera ensuite question de bobards et autres affabulations de témoins qui émaillent les procédures judiciaires pour crime d’adultère dans la France d’avant la Révolution. En revanche, nul mensonge ne viendra entacher notre brève histoire de l’avènement des Archives en France. Seules certaines légendes seront un peu mises à mal. 

Ce ne sera pas le cas de la création mythique des Jeux Floraux à Toulouse, au début du 14e siècle, célébrée dans un tableau de Jean-Paul Laurens ornant l’escalier monumental de l’hôtel de ville.  A cette page d’histoire marquante peuvent s’ajouter toutes les autres pages constituant les Annales de la ville de Toulouse rédigées depuis la fin du 13e siècle jusqu’en 1787. Outre leurs chroniques annuelles, elles recèlent de nombreuses illustrations parfois très utiles aux archéologues.
D’ailleurs, même si nous fermons au public jusqu’au 27 mai prochain pour cause de travaux, tous les amateurs d’histoire et d’archives pourront néanmoins accéder à nos fonds via notre site internet, notre base en ligne et Urban-Hist. Dans l’attente de vous retrouver IRL [In Real Life].

Enfants jouant dans la cour de la maternelle du Béarnais, 17 septembre 1979, photographie N&B, 18×24 cm. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 2Fi3513.

Les p’tits crapauds


mars 2024
Petit, j’aimais bien Kermit la grenouille, mais il a très vite  été détrôné par l’arrivée de Casimir en seconde partie de l’émission 1, rue Sésame. Ainsi, le dinosaure le plus sympa du PAF a raflé la mise et marqué plusieurs générations téléspectateurs français. Certes, ce dernier tenait plus du reptile géant que du batracien, mais ne sont-ils pas tous deux indéfectiblement liés à la jeunesse ?

Car je ne saurais expliquer pourquoi les bambins sont littéralement aimantés par les têtards, grenouilles et autres tritons. Sûrement un mélange de peur et de fascination, comme pour les tyrannosaures. D'ailleurs, à y regarder de près, le scénario de L'Île aux enfants est assez effrayant. Imaginez un groupe d'enfants séparés de leurs parents, isolés sur une île où sévit une bestiole préhistorique. On se croirait plus dans Jurassic Park que dans Oui Oui décroche la lune.

J’invoquerai donc votre âme juvénile pour aborder ce 151e numéro d’Arcanes en vous invitant d’abord à une chasse ranicole qui s’élargira ensuite à toutes sortes de produits de la nature, sous l’œil du jeune reporter Jean Dieuzaide.

Nous remonterons ensuite un peu plus loin dans le passé pour évoquer les perceptions météorologiques sous l’Ancien Régime. Elles varient, certes, dans le temps mais pareillement dans l’espace. Ainsi lorsqu’il y a de l’humidité dans l’air en Normandie, dans le Sud on appelle ça la pluie.

Quoi qu’il en soit, l’eau et les archives n’ont jamais fait bon ménage, car si nos têtes blondes aiment à patauger dans les flaques, c’est un peu moins le cas des archivistes. Pour prévenir ce type de déconvenues des travaux d’étanchéité sont actuellement en cours dans notre bâtiment. Ce qui est finalement assez logique pour un ancien réservoir.

Originellement construit en 1892, cet édifice faisait partie du système général d’alimentation en eau de la ville au même titre que les nombreuses fontaines publiques. Qui s’y intéresse pourra y découvrir, ici et là, des représentations grenouillesques.

De mon côté, je me souviens, enfant, avoir découvert sous quelques centimètres de terre, un gros crapaud vivant. L’expérience s’est avérée assez désagréable, contrairement, j’imagine, aux archéologues ayant fait une batracienne trouvaille sur le site gaulois de Vieille-Toulouse.

Et pour achever cette cure de jouvence, que diriez-vous d’un petit barbotage sur notre base en ligne ? Vous y pécherez sûrement quelques spécimens remarquables !
Supporters agenais dans les rues de Toulouse à l’occasion de la finale du championnat de France de rugby à XV entre Agen et Dax le 22 mai 1966, négatif N&B, 6 x 6 cm. André Cros - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 53Fi7667.

Teuf teuf !


février 2024
« Tiens tout a changé ce matin. Je n’y comprends rien. C’est la fêêête ! La fêêêêêête !» Eh oui, Michel ! Tu as cent pour cent raison, le 150e numéro d’ Arcanes mérite célébration. Et pour tout dire, j’ai bien envie, comme toi, d’enfiler une combinaison en satin rouge à col pelle à tarte, de me laisser pousser les cheveux et la barbe, pour danser et chanter au beau milieu d’un Big Bazar. Car il faut bien le reconnaître, la situation mondiale n’est pas au beau fixe. Honorons donc la newsletter des Archives comme il se doit. Et, même si depuis sa création en 2008, elle commence à avoir quelques kilomètres au compteur, on pourrait la comparer à ces vieux tacots customisés en roadsters dans les années 1950 par des ados en mal de sensations : un peu foutraques, assez amusants et coutumiers de la sortie de route. 
Mais empruntons d’abord l’autoroute de la jaille avec notre fête nationale que le publiciste Marius Bergé s’est plu à photographier durant l’entre-deux-guerres. Entre défilé militaire et compétition halieutique, courses hippiques et joutes sétoises, une mère n’y retrouverait pas ses petits, et pour cause, ils sont au concours de bébés organisé à cette occasion.
Nous vous inviterons ensuite à faire une pause sur l’aire « Corpus corporis » où, dans une ambiance moderne – pour ne pas dire d’Ancien Régime –, notre équipe vous fera découvrir les constats de chirurgiens réalisés à l’occasion d’affaires judiciaires.
Avant de repartir, si vous le souhaitez, vous serez briefés sur les règles à respecter pour conserver vos archives dans les meilleures conditions par notre responsable des fonds privés. Attention, tout contrevenant pourrait voir son don ou dépôt refusé.
La prochaine sortie vous mènera sur le chemin des écoliers, ou plutôt des écoles toulousaines, notamment celles réalisées dans les années 1920-1930 par l’architecte de la ville, Jean Montariol. D’aucuns pensent que le savoir est une fête, lui a fait entrer les salles des fêtes dans les établissements scolaires.
Votre paisible escapade pourra continuer à moins d’être interrompue par un défilé de bergers landais à échasses, ou de catalans dansant la Sardane. Vous serez alors tombé en plein Fénétra, manifestation folklorique locale qui pourrait trouver son origine, si l’on en croit des découvertes archéologiques, dans un culte funéraire.
Et votre grand tour s’achèvera en atteignant le Graal : les archives d’ Arcanes. D’un seul clic vous aurez accès aux thématiques les plus improbables, aux jeux de mots les plus éculés et aux éditos les plus capillotractés. De quoi, nous l’espérons, vous donner envie de continuer le voyage avec nous.
Foire de Toulouse 1932 au cours Dillon : réception extérieure. Joseph Saludas. Ville de Toulouse, Archives de Toulouse, 1Fi5543 (détail).

Jusqu'à la lie


avril 2018

Arcanes d'avril tente de garder le cap en vous offrant de manière très détournée de prendre la vague, entre ciel et a(mer), avec un peu d'amertume, mais sans vous faire payer une amende trop amère. Qu'importe le flacon… il faut parfois boire la coupe jusqu'à la lie. En 1932, l'assemblée composée uniquement d'hommes – ce qui ne semble pas très paritaire à notre époque – s'apprête à lever son verre pour célébrer la foire de Toulouse. On ne peut pas lire une joie intense sur leurs visages, mais impressionnés par le photographe planté en face d'eux, ils intériorisent peut-être leur bonheur de partager ce moment de convivialité.
Installée au cours Dillon en 1928, la foire prit ensuite place sur les allées Jules-Guesde, les allées Frédéric-Mistral, puis au parc municipal des sports sur l'île du Ramier. Elle est aujourd'hui organisée au Parc des expositions. Vous avez d'ailleurs encore peu de temps cette année pour aller en profiter !