La composition

La page se divise en 4 parties distinctes :
-L'enluminure : image peinte accompagnant le texte
-la lettrine : lettre ornée
-le texte : écrit en lettres gothiques sur une seule colonne et 21 lignes
-la bordure : motif de rinceau fait d'une tige et de feuillage

L'enluminure

La composition de l'enluminure est pyramidale. Les différentes lignes de fuite sont obliques et convergent toutes vers la porte Pouzonville qui est l'élément central de la représentation. Celle-ci souligne l'axe de symétrie qui part du sommet du toit et traverse la peinture jusqu'au personnage du trésorier assis à sa table. Deux bandeaux bleus, évoquant les murs de l'enceinte, partagent la composition en deux registres horizontaux. Les Capitouls occupent le registre inférieur, le registre terrestre. Ils sont groupés par 4, représentés assis de part et d'autre de la porte. Au dessus est évoqué le registre céleste avec l'archange saint Michel terrassant un démon d'un côté et, de l'autre, saint Saturnin avec le taureau symbole de son martyre.

La perspective
Aujourd'hui, la perspective est l'art de représenter sur une surface plane (en 2 dimensions) les objets tels qu'ils sont vus en réalité (en 3 dimensions), en restituant les impressions de profondeur et d'éloignement (fuite). Au Moyen Âge, la perspective est différente, la taille des éléments d'une composition dépend de leur importance quelle que soit leur position dans la scène. Cette perspective est dite « hiérarchique ».

- Le fond : le fond d'azur a reçu deux décors. Sur le registre du haut, il est fleurdelisé d'or et sur le registre du bas, il est à ramages dorés. Ce fond décoratif empêche toute profondeur dans le paysage et ramène la scène sur le premier plan.
- Les lignes de fuite : elles sont pourtant présentes (les bancs sur lesquels sont assis les Capitouls, les murs d'enceinte, la porte de ville représentée de biais et le bureau du trésorier) mais elles n'ont pas pour but de se rapprocher de la réalité mais de mettre en valeur la porte de ville, symbole du pouvoir et des fonctions des Capitouls. De plus, la porte et les remparts permettent de découper l'image en parties symétriques.

Cette technique picturale  va disparaître peu à peu avec l'arrivée de la Renaissance qui met en place la perspective naturaliste.

Les couleurs
Les couleurs utilisées sont dans l'ordre d'importance le bleu, le rouge, le jaune ou l'or, le vert et le blanc. Elles correspondent à la gamme chromatique la plus couramment employée à cette époque.
Le bleu a acquis depuis le 12^e siècle un statut particulier car il représente le ciel, le divin et la royauté.
Le rouge, utilisé depuis toujours, est le symbole du sacré, de l'acte solennel.

Le style
Le style est encore très ancré dans l'esprit médiéval, très éloigné du savoir-faire de Fouquet, peintre et enlumineur de la seconde moitié du 15^e siècle. Les visages des personnages se ressemblent tous, les traits ne sont pas réalistes ; l'identification se fait par les blasons pour les capitouls et par les attributs pour les saints. Le drapé des étoffes, à peine suggéré, donne un peu d'épaisseur aux personnages mais ils restent encore très plats.

La lettrine et la bordure

  partir de la seconde moitié du 13^e siècle, la lettre ornée se prolonge dans les marges du texte et donne naissance aux bordures et aux encadrements végétaux et floraux, caractéristiques des manuscrits français de la fin du Moyen Âge.

L'absence de perspective, l'idéalisation des visages et la gravité figée des attitudes accentuent le caractère solennel de l'enluminure mettant en scène les capitouls de l'année. L'art de cette époque n'est pas représentatif mais symbolique.