Arcanes, la lettre

Dans ma rue


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archive ou de ressources en ligne. Retrouvez ici les articles de la rubrique "Dans ma rue", consacrée au patrimoine urbain toulousain.
Hôpital Marchant, galerie d'entrée, 2012. Phot. Louise-Emmanuelle Friquart, Laure Krispin - Ville de Toulouse ; Inventaire général Région Occitanie, IVC555_20123100557NUCA.

Complètement « pinpin » celle-là, elle est bonne pour Marchant !


octobre 2018

Les Toulousains connaissent bien cette expression qui énonce qu'une personne est complètement folle, bonne à interner ! Si de nos jours la psychiatrie est considérée par tous comme une spécialité de la médecine, avant le milieu du 19e siècle, le traitement de la folie était très sommaire : les aliénés, enfermés dans des hospices, hôpitaux ou prisons, souvent enchaînés, vivaient dans des conditions déplorables. Toutefois, grâce au travail des médecins d'origine toulousaine Philippe Pinel puis Etienne Esquirol, la maladie mentale est peu à peu reconnue en tant que telle, et des traitements mieux adaptés sont recherchés. L'impact des aménagements architecturaux est également pris en compte pour soigner les maladies physiques ou mentales. La collaboration entre les médecins et les architectes se développe et elle débouche sur la conception d'une architecture pavillonnaire où chaque pavillon est affecté au traitement d'une affection particulière.

À Toulouse, la construction d'un asile d'aliénés adapté à ces nouvelles théories débute en 1852 et se poursuit jusqu'en 1864, le manque de moyen retardant le chantier. Pour cette nouvelle construction, l'architecte Jacques-Jean Esquié travaille en collaboration avec les aliénistes toulousains. L'installation de l'hôpital à la campagne fait partie de la thérapie, tout en éloignant les « insensés » des bonnes gens.
Dès sa création, l'asile de Braqueville – nom du lieu-dit où il a été construit – est considéré comme un chef-d'œuvre, et son plan est publié comme modèle dans la Revue générale de l'architecture et des travaux publics. Les bâtiments s'organisent de façon symétrique autour d'une grande cour centrale, de part et d'autre de l'église, avec les pavillons des hommes d'un côté et ceux des femmes de l'autre, reliés par des cheminements couverts.
En 1937, il reçoit le nom de Gérard Marchant, en hommage au premier directeur et médecin aliéniste de ce lieu qui avait accueilli, dès le 1er juillet 1858, les patients délogés de l'hôpital La Grave.

Toulouse sous la neige, kiosque du Boulingrin, hiver 1954. Henry Delgay (photographe) - Ville de Toulouse, Archives municipales, 36Fi110.

Do ré mi fa sol la si …do


septembre 2018


Faire de la musique dans la ville, hors des salles de concert, n'a été vraiment autorisé qu'à partir de 1848, moment où le ministre de l'Intérieur Senard autorise les rassemblements en plein air. En effet, en dehors des fanfares militaires qui pouvaient circuler au fil des rues, tout attroupement, même autour de quelques musiciens, était immédiatement dispersé par la police et donnait lieu à une amende. Le 19e siècle est également l'époque d'une modification de la pratique musicale qui, jusqu'alors réservée à des privilégiés, s'étend à d'autres couches de la société grâce à la multiplication des orphéons (société d'amateurs jouant d'un instrument).
Le kiosque est l'édifice idéal pour accueillir la musique en plein air. Ouvert sur toutes ses faces, pour être vu et entendu de tous, il offre toutefois aux musiciens une estrade surélevée qui les met en scène et les isole du public. Ce dernier est libre de s'arrêter un instant et de partir quand il le souhaite.
Très populaire entre la 2e moitié du 19e siècle et le 1er quart du 20e siècle, le kiosque à musique s'installe dans des espaces de verdure et de détente, tels les squares et les jardins publics, ou sur les places publiques, lieu spontané de rassemblement.

Le kiosque à musique de la place Pinel. 2004. Annie Noé-Dufour - Inventaire général Région Occitanie, IVR73_04314326ZA_ P.
A Toulouse, le kiosque le plus ancien est celui du jardin du Boulingrin mis en place au moment de l'exposition internationale de 1887. De forme polygonale, il possède une structure composée de huit colonnes en fonte supportant une toiture. A l'opposé, celui construit en 1930 sur les plans de l'architecte de la ville Jean Montariol est entièrement en béton. Situé place Marius Pinel, il se développe sur un plan circulaire : une coupole repose sur dix colonnes ornées de mosaïque évoquant l'art égyptien. La place Sauvegrain à Lardenne accueille aussi un kiosque à musique construit à l'initiative des habitants du quartier et offert à la ville au moment de son inauguration en 1926.