Arcanes, la lettre
Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...
Tout le monde sait qu'il y a peu de temps, c'est-à-dire deux ou trois siècles, les chants s'élevaient dans le chœur des églises et retentissaient sur la scène de la salle de spectacle. Donc tout le monde imaginera sans peine les autres lieux où les Toulousains pouvaient également exercer leur organe et faire profiter leurs contemporains de leur justesse dans des mélodies plus profanes ou populaires.
Essayons de traiter là de ces chants, chansonnettes, voire airs que les uns fredonnaient en battant le linge à la rivière, les autres en éclusant un énième uchau de vin au cabaret, d'autres encore en sciant une poutre ou élevant un mur.
Mais voilà, l'imagination a ses limites, et les archives aussi. Où espérer trouver le texte d'une chanson, la mention même qu'on ait chanté ? Les archives publiques sont des archives sérieuses, pleines de documents administratifs. Alors oui on y trouvera de belle pages de comptabilité, des délibérations à foison, encore, mais de chant que nenni.
Pas tout à fait, car il nous reste encore la série FF qui renferme, entre autres, la justice criminelle des capitouls. Là, le lecteur attentif fera des découvertes au hasard d'une audition de témoin, d'un procès verbal d'officier du guet, ou d'interrogatoire de suspect. Petite sélection avant d'inviter à découvrir une chanson de 1700 cachée dans un des articles de ce numéro d'Arcanes.
1780, le nommé Lama (déjà) chante deux ou trois chansons avec des femmes du quartier de Tounis, puis se dit qu'il boirait bien du vin. La suite n'a rien à voir mais on vous le dit quand même : il se bat avec le tavernier et se fait assommer avec « une bouteille de verre anglais ». (FF 824, affaire du 26 septembre).
1780, une femme témoignant dans une affaire de prostitution, tient absolument à raconter ce qu'elle chantait : "quand un pou me chagrine, qu'il trouble mon repos, je le prends par l'échine et lui casse les os". Elle explique au capitoul que c'est là la chanson des Pouilleux, alors que celui-ci aimerait plutôt savoir ce qu'elle a vu ou entendu (FF 824, affaire du 26 septembre).
1735, le 15 août, vers les 10 heures du soir, un témoin se tient près du puits de Pouzonville "chantant une chanson", il doit alors probablement arrêter son chant car il aura été couvert par le flot d'insultes déversé par l'accusé contre le plaignant (FF 779, affaire du 16 août 1735).
1735, un jeune étudiant en médecine regarde les joueurs de billards "en murmurant une chanson" et se fait alors traiter de « fat et de maquereau de plusieurs filles » (FF 779, affaire du 18 novembre 1735)
1755, un homme arrêté pour comportement suspect fait du tapage dans les prisons et dérange ses camarades d'infortune par ses chants continuels de cantiques. Il essaie même de se jeter dans le puits. Alerté, les capitouls entendent le trublion, il leur répond qu'il est « de la famille de la première maison qui a été bâtie à Toulouse », et entonne immédiatement un nouveau cantique. (FF 799, affaire du 20 septembre 1755).
L'enfant du pays, né dans la ville rose en 1929, nous a quitté il y a déjà 10 ans mais sa musique et ses paroles restent dans toutes les mémoires. Le concert du 14 juillet dernier, sur les berges de Garonne, lui a d'ailleurs rendu hommage avec la participation de plusieurs artistes venus réinterpréter certains de ses plus grands succès.
« Les lumières du Music-Hall », un documentaire réalisé en 1996 par P6 Productions, et diffusé sur France 5 (à l'époque appelée « La Cinquième »), retrace sa vie, comme une biographie imagée. Au travers de photographies, d'images d'archives et d'extraits d'émissions télévisées, nous pouvons ainsi revivre (ou vivre, pour les plus jeunes d'entre nous) son enfance toulousaine, puis ses débuts dans les années 1950 à Paris et enfin ses années au sommet de la scène musicale française. Le documentaire revient aussi sur ses influences (musicales et littéraires) et ses rencontres.
Ce documentaire, coté 21 AV 468, est accessible en consultation sur rendez-vous aux Archives municipales de Toulouse.
Aux âmes non sensibles, nous proposons de partager les paroles intégrales d'une chanson méconnue chantée dans les prisons de l'hôtel de Ville. Leur interprète est un personnage singulier ; en effet Pierre Souquet-dit-Le-Rouge (autres noms de scène : Pierre Dulong, ou encore Vibes dit Linga), fut condamné à être pendu pour cas de vols multiples. Manque de chance pour lui, les magistrats municipaux sensibles à ses élans musicaux dans les prisons, ajoutèrent à sa peine celle d'avoir la langue percée.
Le 29 juillet 1700, le greffier qui note l'audition, habituellement rompu en cet exercice que de « lisser » certaines paroles ou termes entendus, va cette fois-ci se laisser aller à noter intégralement les paroles de la « chanson extrêmement sale et impie, conçue aux termes qui suivent » :
Bien entendu nous vous laissons le soin d'en faire la transcription vous-même, et suggérons aux meilleurs paléographes d'entre vous de ne pas chantonner cela devant des enfants ni encore devant des… magistrats municipaux, vous pourriez y perdre votre langue.
Quand on entend le mot tango, on pense tout de suite à l'Argentine, aux bals populaires de Buenos Aires ou de Montevideo... Pourtant Toulouse est un lieu de pèlerinage pour les amoureux de tango du monde entier.
Au n° 4 de la rue du Canon-d'Arcole, à proximité du boulevard Lascrosses, se trouve un immeuble qui dresse sa façade de brique en partie enduite face au complexe immobilier des années 1980 de la ZAC de Compans. Une plaque de marbre à droite de l'entrée rappelle le souvenir du célèbre chanteur de tango, Carlos Gardel, qui y aurait passé ses premières années avant de s'envoler vers l'Argentine avec sa mère et connaître une gloire internationale dans les années 1920.
Édifié dans la seconde moitié du 19e siècle, cet immeuble est caractéristique de l'architecture des faubourgs toulousains qui se développent à ce moment là : une élévation symétrique à cinq travées, sur deux étages, et un comble à surcroît couronné d'une frise d'antéfixe en terre cuite. La travée centrale accueille la porte d'entrée, mise en valeur par un balconnet aux étages. Au-delà des polémiques et des revendications sur le lieu de naissance du chanteur, cet édifice, représentatif de l'architecture toulousaine de la fin du 19e siècle, est aujourd'hui un lieu de mémoire et protégé pour ces deux raisons dans le plan local d'Urbanisme.
Pour en savoir plus Urban-Hist
(si le lien ne fonctionne pas, aller dans http://www.urban-hist.toulouse.fr et renseigner "Carlos" dans la barre recherche, le premier résultat est le bon).
Il n'est pas nécessaire d'être ramoneur à Londres pour être heureux sur les toits... la chansonnette pourrait être
« J'aime bien quand je monte là-haut
Parce que c'est entre les pavés et les nuages que l'on domine ce monde
Quand on est à mi-chemin du jour et de la nuit
À l'heure où chaque chose baigne dans la demi-clarté
Sur les hauts toits de Toulouse, oh, quelle beauté ! »
Ainsi donc, à Toulouse, nul besoin de magie et de Mary Poppins... il existe un endroit merveilleux où la ville s'offre à nous : la terrasse du 6e étage du bâtiment des Galeries Lafayette. Toulouse, ville exceptionnelle où les époques s'entremêlent, s'enchevêtrent, est riche de cette abondance d'histoires et de ce mélange des siècles... Eloignez-vous des pavés, prenez un peu de hauteur et laissez vous conter Toulouse...
A l'occasion de l'exposition « Panoramic » proposée par le groupe Galeries Lafayette et retraçant l'histoire des grands magasins à Toulouse depuis 1875, la ville de Toulouse et la région Midi-Pyrénées vous proposent un panorama en 360° accessible via un navigateur web, sur tablette, smartphone ou PC, où vous pourrez découvrir les édifices remarquables s'élançant dans le ciel toulousain.
Depuis trois points de vue, terrasse nord, terrasse sud et terrasse restaurant, l'application permet d'identifier les monuments de Toulouse, d'en voir une illustration et d'accéder à des notices synthétiques sur l'histoire de l'édifice, rédigées par notre équipe des chargés de l'inventaire du Patrimoine.
Pour prolonger votre visite, téléchargez vite l'application urban-hist pour Android et iOS... d'autres histoires d'édifices vous attendent !
Dans les archives de la Grande Guerre conservées par les familles, on trouve des récits de guerre, de la correspondance, des photos, des dessins... et beaucoup de ces documents nous permettent de partager un peu du quotidien des poilus et de leur famille, de connaître leurs préoccupations, leurs peines, leurs occupations et leurs loisirs. Les chants sont présents dans un certain nombre de cas, au sein des activités militaires comme pendant les moments de détente.
Deux exemples parmi les fonds confiés aux Archives et consultables dans la base de données en ligne :